Si vous voulez devenir écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez impérativement faire : lire beaucoup et beaucoup écrire. Il n’existe aucun moyen de ne pas en passer par là, aucun raccourci.

Tel est la vérité sortant du livre « écriture : mémoire d’un métier » par Stephen King. Il nous fait remarquer que, pour écrire, il faut avoir les bons outils. Et, pour ce faire, il faut lire pour se familiariser avec la médiocrité ; et écrire, forcément…

Entre autres, cela permet de détecter ce qui est nul dans nos propres textes et de les adapter en conséquence.

La boite à outils est simple à ranger : mettez-y de la grammaire, du vocabulaire et une pointe de style. À vrai dire, vous pouvez la remplir de ce que vous voulez. Parlez de ce que vous connaissez. Ne vous amusez pas à étaler des mots ou des formes que vous ne maitrisez qu’à moitié, car on le remarquera (le pire se reflète dans les dialogues – mal faits, ils deviennent irritants).

En gros, ne cherchez pas à faire du « politiquement correct » et à trouver des synonymes plus « class » ; le premier mot qui vous vient à l’esprit est le bon, fichtre !

En réalité, on en apprend davantage des mauvais livres que des bons. Dans son livre le King balance des extraits des autres auteurs, expliquant pourquoi il n’aime pas ceci ou cela.

Il conseille à chaque écrivain de lire « The Elements of Style». Celui-ci répertorie les styles et expressions de la langue anglaise ce qui, pour un francophone, n’a pas d’intérêt, mais qui est sympa à lire pour comprendre les expressions anglo-saxonnes. Le comble est que je n’ai pas trouvé un livre semblable en français. 😦

Quelques conseils du King…

Tuer les adverbes

Il donne plein d’autres conseils astucieux dans son livre qui valent la peine d’être écoutés, notamment la chasse aux pissenlits-adverbes. Un pissenlit dans le jardin c’est joli, mais quand il y en a une multitude c’est horrible !

Mais peut-on croire réellement qu’un texte vraisemblablement plombé d’adverbes n’est point agréable à lire ? Incroyablement formidable que cela, je viens d’écrire un paragraphe pompeusement affreux n’apportant, sournoisement, rien, seulement pour le plaisir de mettre des –ment, superbement superbes ; ou pas.

En vrai, les adverbes sont rarement utiles. L’ultime conseil de Stephen King est, en définitive, de supprimer tout mot n’apportant rien à l’histoire.

1ère version = 2ème version -10%

Il nous fait l’apologie de cette manière de faire. Et je peux vous confirmer que le jour où j’ai appris à dégrossir mes textes de cette façon, ils sont devenus plus agréables à lire.

Cela consiste à écrire un premier jet, puis à rayer tous les mots, phrases et paragraphes inutiles à votre histoire. D’ailleurs, si celle-ci n’avance pas le lecteur sera ennuyé.

Ne pas fabriquer d’intrigue

Le conseil parait à première vue étrange, mais Stephen King l’expose comme le fait de ne pas y réfléchir et de la créer au fur et à mesure que l’histoire avance. C’est avant tout un conseil d’écriture de roman. Mais j’imagine que chacun à ses propres manières d’avancer. Celle dont vous êtes le plus à l’aise est surement la meilleure.

Bannir la forme passive

La raison est simple : une phrase active est beaucoup plus agréable qu’une phrase passive. Il s’agit donc de mettre en sujet de phrase ce qui réalise l’action et non l’inverse. Toute fiction qui se respecte devrait être écrite en grande partie à la voix active. L’utilisation de la forme passive est pour le King comme les pissenlits-adverbes : nullissime.

Exemple : « Un cri dans la nuit l’effraya » a plus de force que : « il fut effrayé par un cri dans la nuit».

PS : d’autant plus que « dans la nuit » n’a pas de raison d’être si le lecteur sait déjà que la scène se passe la nuit.

Les auteurs racontent des conneries

Je voulais terminer là-dessus : « j’imagine qu’il y aura d’autant moins de conneries ici que le livre sera court. » dit-il au début de son livre. Le problème est qu’il n’y a pas de formule magique.

Il ne faut pas vous attendre à devenir un King en lisant ce livre. Les conseils sont formidables et intéressants à écouter, mais ce n’est pas pour autant que vous devez les suivre à la lettre. Après tout, vous êtes le seul à savoir quels sont les meilleurs outils à ranger dans votre boite.


Pour conclure :

Le moment le plus intéressant est à mon sens la première partie (et la dernière), car il raconte sa vie et son parcours : ses premiers livres, son alcoolisme, son penchant pour la cocaïne et son accident. On remarque qu’il y met du cœur (+une pointe d’humour) et l’entreprise de son livre est un don du ciel. En effet, on le découvre autrement que dans ses histoires de fictions.

Stephen King est un excellent écrivain, mais avant tout un homme avec ses joies et ses emmerdes: c’est-à-dire un type comme tout le monde. Il a essayé d’apporter des réponses qu’il aurait, peut-être, aimé avoir quand il cherchait à se faire publier. L’écriture a pour lui un effet curateur. Il le fait pour le plaisir avant tout.

Au final, c’est un essai autobiographique intéressant. Il relate sa vie et son expérience d’auteur de manière pertinente. J’ajouterais qu’il s’adresse à toute personne intriguée de près ou de loin à l’écriture.


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Poche: 350 pages

Éditeur : Le Livre de Poche (1 décembre 2003)

Collection : Fantastique

Langue : Français

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« La vie n’est pas faite pour soutenir l’art. C’est tout le contraire. »

—Stephen King