« L’histoire a commencé quand les hommes ont inventé les dieux.

Elle s’achèvera quand ils deviendront des dieux. »

« Y a-t-il rien de plus dangereux que des dieux insatisfaits et irresponsables qui ne savent pas ce qu’ils veulent ? »

—Yuval Noah Harari


100 000 ans avant notre ère, l’homme était composé de six races. Homo-Sapiens débuta son ascension à partir de -70 000 ans en utilisant un seul levier : la capacité à raconter des histoires.


Quelques sujets traités dans « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari :

Faire de l’ombre aux autres espèces

chene-revolution-cognitive-sapiens-mythe-exctinctionOn ne va pas se leurrer, Sapiens est l’espèce la plus meurtrière que l’histoire n’ait jamais connue. Il n’a pas que fait de l’ombre aux autres humains, la majorité des espèces animales et végétales se sont éteintes à cause de lui.

La disparition des cinq autres races humaines soulève plusieurs théories, mais tous se rejoignent dans ce sens : Sapiens a poussé les autres à l’extinction. Si on devait l’imager, il serait comme le chêne d’une forêt qui fait mourir les arbres à l’entour par la grandeur de son ombre et de ses racines.

Nombreuses espèces se sont éteintes dans un espace de temps très court. Cette rapidité d’expansion est due à la capacité de Sapiens à coopérer en nombre plus important que les autres espèces.

« Si vous fourrez 10 000 chimpanzés dans le stade de Wembley ou les Chambres du Parlement, vous aurez le chaos. Mais si vous prenez 10 000 personnes qui ne se sont jamais rencontrées auparavant, elles peuvent coopérer et créer des choses étonnantes. »

Révolution cognitive (apparition du langage).

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Notre particularité n’est pas de donner des faits comme « il y a un lion de l’autre côté de la rivière », mais plutôt d’avoir la capacité de dire des choses qui n’existent pas du tout. Seul Sapiens en est capable. La révolution cognitive est apparue avec la naissance de la religion.

On avait remarqué que les animaux ont un certain aspect du langage. Ils peuvent donner un signal d’alarme en faisant un cri ou un geste particulier.

Un singe peut dire « attention voilà un lion ! » alors que Sapiens a appris à dire « Le lion est le gardien spirituel de notre tribu. » Cette capacité à parler de fiction est la particularité qui différencie Sapiens des autres animaux.

Est-ce que vous pourriez convaincre un singe de vous donner une banane en échange d’une quantité infinie de bananes après sa mort au paradis des singes ? Je ne pense pas 🙂

Dans un monde où il faut chasser le mammouth ou le daim pour survivre, chasser la licorne ou prier des divinités ne vous servirait à rien. Alors pourquoi Sapiens a-t-il inventé la religion? me diriez-vous.

La fiction nous a permis non seulement de croire à des choses qui n’existent pas, mais en plus de les imaginer collectivement. La création de mythes et de croyances nous a, en fait, permis de coopérer de manière souple et en large nombre.

Une communauté de singe peut approximativement réunir 50 individus ; au-delà, des conflits dégénèrent et ils s’entretuent. Quant à lui, Sapiens ne devance pas les 150. Il a donc inventé un système lui permettant de passer outre ce chiffre : le mythe.

Grâce à cette invention, l’être humain a la capacité de coopérer – d’une manière extrêmement flexible – avec des étrangers. Sa communauté n’a plus aucune limite d’acceptation.

De larges nombres d’étrangers peuvent coopérer grâce à une croyance commune. N’importe quelle institution humaine, que ce soit un état moderne, une église médiévale, une citée ancienne ou même une tribu archaïque sont enracinés dans des mythes communs qui existent uniquement dans la tête des gens.

Deux Serbes qui ne se sont jamais rencontrés peuvent risquer leur vie pour sauver celle de l’autre parce qu’ils croient, tous les deux, au territoire serbe et au drapeau serbe. Deux avocats qui sont de parfaits inconnus peuvent quand même combiner leurs efforts pour défendre un complet étranger, car ils croient en l’existence de la justice et des droits humains et de l’argent qui paye leur salaire.

L’auteur va plus loin en comparant l’entreprise Peugeot aux droits de l’homme. Ce sont des mythes, ils n’existent que dans l’esprit des hommes. Si un propriétaire d’une voiture Peugeot avait un problème, il pouvait porter plainte contre la société Peugeot, mais aucunement contre son fondateur, Armand Peugeot.

Le système de notre époque n’a pas de grande différence avec les anciens temps. Si un avocat certifié suit toute la liturgie appropriée, les bons rituels, les bons sortilèges et les bons vœux sur du papier bien décoré, puis orne de sa signature la fin du document, alors, hopus pocus, une nouvelle entreprise a était créée.

Pour fabriquer ces mythes, le plus dur n’est pas de raconter des histoires, mais de convaincre les autres d’y croire. L’essentiel de l’Histoire tourne autour de cette question : comment faire pour convaincre les autres de croire à des histoires à propos des Dieux, des Nations ou des Entreprises à Responsabilité limitée ?

Si cela réussit, Sapiens acquiert un pouvoir immense, puisqu’il peut regrouper des millions d’autres Sapiens afin d’œuvrer ensemble vers des objectifs communs.

Il y a deux millions d’années, une nouvelle espèce d’homme est apparu (homo erectus) et a découvert de nouveaux outils en pierre. Pendant ces deux millions d’années, ces outils sont restés les mêmes car il n’a pas évolué – faute de langage.

Croyances, philosophies et lois imaginaires

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Les ordres imaginaires forgent nos plus profondes envies. Par exemple, les désirs les plus chéris des Occidentaux sont façonnés par les mythes romantiques, nationalistes, capitalistes et humanistes présents depuis des siècles.

Une envie vous paraissant personnelle ne l’est pas forcément. Imaginons le désir populaire de prendre des vacances à l’étranger : il n’y a là rien de naturel. Jamais un chimpanzé dominant n’aurait l’idée de prendre des vacances chez une bande voisine.

Avant on dépensait une quantité faramineuse d’argent pour construire des pyramides afin de devenir immortel. Maintenant les gens économisent leur argent pour s’acheter des vacances. Au temps des pharaons on avait le mythe de la religion, aujourd’hui on a le mythe du consumérisme romantique.

Vous l’avez compris, l’auteur parle avec dérision et humour de tout ce que l’homme a inventé. La notion de mythe est large. Le roi de Babylone, Hammurabi, a inventé des histoires sur l’inégalité entre les hommes, tout comme Thomas Jefferson à fait pour dire que tous les hommes sont égaux.

Ils justifient leurs choix pour expliquer que la société ne peut pas vivre sans le code d’Hammurabi ou la déclaration d’indépendance des États-Unis. Ils ont raison dans un sens, car les gens ne pourraient pas coopérer sans une histoire à laquelle ils croient mutuellement.

Depuis la Révolution française, les gens de par le monde on commencés petits à petit à voir la liberté et l’égalité comme des valeurs fondamentales, et pourtant ces deux valeurs se contredisent entre-elles.

L’égalité ne peut s’appliquer qu’en réduisant la liberté de ceux qui font mieux que les autres. À contrario, garantir que chaque individu soit libre va indéniablement produire une très forte inégalité dans un temps très court.

Notre société a échoué à concilier la liberté avec l’égalité, comme avant elle n’avait pas réussi à réunir la noblesse et la religion. À terme, ces conflits vont s’arrêter pour laisser place à d’autres mythes : exactement comme l’histoire l’a toujours fait.

Pour conclure :

Ce livre est riche. Il expose de nombreux points fondamentaux à l’humanité, allant jusqu’à questionner le bonheur de l’être humain – et des autres espèces qui ont eu le bon(mal)heur de croiser sa route.

On a été capable – depuis la révolution agricole – d’innover en matière technologique afin d’augmenter le nombre d’êtres humain, ce qui implique que la société se porte mieux alors que les individus qui la composent se portent moins bien.

Est-on, aujourd’hui, plus heureux que l’homme préhistorique avec son espérance de vie de quarante ans ? La réponse est incertaine quand on imagine le chasseur cueilleur d’autrefois passant sa vie à chasser le mammouth au travers d’une faune et d’un paysage magnifique.

Le livre explique nos façons de réagir, de penser et de croire en regardant dans le passé et, bien que j’ai conscience de l’avancée rapide de notre technologie, je ne les avais jamais imaginés avec cette nouvelle perspective : les traduire par l’histoire.

Si on parle d’évolution de l’homme, elle n’est pas forcément comme on pourrait l’entendre : il fallait un plus grand cerveau et une plus grande forme physique pour le chasseur cueilleur que pour l’homme d’aujourd’hui.

Ce livre regorge d’information sur l’histoire de l’être humain. On est dans une ère qui avance vite et elle sera d’autant plus rapide demain. Sur l’échelle du temps, Homo-Sapiens était une petite tribu d’homme vivant en Afrique de l’Ouest qui, en 70000 ans avant notre ère, s’éparpilla à travers le monde.

La majorité de nos lois, croyances, systèmes et inventions ne datent que de quelques siècles (voir quelques années) ce qui, pour plus de deux millions d’années d’existence de l’être humain, révèle d’une goutte d’eau dans un océan.

Après avoir fini ce livre, je ne savais plus quoi en penser – il faut dire que je l’ai dévoré. 🙂 Après mures réflexions, je dirais qu’il nous permet d’avoir un esprit plus ouvert, voire, plus souple quant au changement.

En effet, on est dans une société qui avance de plus en plus vite. Et comprendre notre histoire, ne serait-ce qu’un minimum, nous permettrait d’avoir une meilleure capacité à anticiper les futurs changements.

Vous l’avez deviné, ce livre m’a beaucoup plus. Il a le mérite de soulever beaucoup de questions et d’y répondre grâce à l’histoire, et ce sans l’exposé comme un fait. Dans ce livre, de nombreuses perspectives s’offrent à vous pour comprendre les plus grandes questions sur l’humanité :

Comment sont nés les empires ? Pourquoi les femmes ont-elles été dominées par les hommes dans la plupart des cultures ? Comment l’Europe a-t-elle imposé ses valeurs et son idéologie ? Comment l’Empire britannique s’est-il imposé dans le monde ? Quel avenir pour nous, pour les animaux ? Et cætera.


« Sapiens » en quelques mots : Une lecture passionnante et stimulante par un historien de génie


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Broché: 450 pages

Éditeur : ALBIN MICHEL (2 septembre 2015)

Collection : ESSAIS DOC.

Langue : Français

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